Si la distinction entre salaire brut et salaire net est un fondamental pour tout salarié, le travail en intérim introduit des spécificités qui enrichissent considérablement cette compréhension. Au-delà des cotisations sociales habituelles qui opèrent la transition du salaire brut vers le net, les intérimaires bénéficient de mécanismes de rémunération additionnels intrinsèques à la nature de leur contrat : l'indemnité de fin de mission (IFM) et l'indemnité compensatrice de congés payés (ICCP). Ces composantes, bien qu'étant des compléments au salaire, sont soumises à leurs propres règles de calcul et d'imposition, modifiant significativement le montant net perçu.
Cet article se propose d'explorer ces particularités de l'intérim pour vous offrir une vision claire et complète de votre rémunération finale.
Le salaire brut en intérim et ses composantes spécifiques
Le salaire brut en intérim représente la base de votre rémunération avant toute déduction, mais aussi le point de départ pour le calcul des indemnités propres à ce type de contrat. Bien qu'il inclue un taux horaire et d'éventuelles majorations pour heures supplémentaires ou primes de mission (comme pour tout salarié), sa particularité en intérim réside dans le fait qu'il constitue l'assiette de calcul pour des éléments clés qui n'existent pas dans un contrat classique.
Ce salaire brut, défini dans votre contrat de mission, intègre :
- Le taux horaire de base : Il doit être au moins égal à celui que percevrait un salarié de l'entreprise utilisatrice occupant un poste équivalent.
- Les majorations éventuelles : heures supplémentaires, heures de nuit, primes de risque, de froid, de salissure, etc., si elles sont prévues et soumises à cotisations.
C'est sur ce montant brut total que seront ensuite calculées les cotisations salariales, ainsi que les indemnités spécifiques à l'intérim que nous allons détailler.
Les spécificités de l'intérim : Les indemnités qui transforment votre net
Ce qui distingue fondamentalement la rémunération en intérim de celle d'un contrat classique (CDI ou CDD non spécifique), c'est l'ajout de deux indemnités compensatrices majeures, versées en fin de mission. Elles visent à compenser la précarité et l'absence de certains avantages liés à un emploi stable.
L'Indemnité de Fin de Mission (IFM)
Définition et objectif : Elle vise à compenser la précarité de l'emploi en intérim. Elle est due à la fin de chaque mission (sauf rares exceptions comme une embauche en CDI immédiate après la mission).
Calcul : Son montant correspond à 10% du salaire brut total perçu pendant la mission, y compris les éventuelles primes et majorations soumises à cotisations.
Fiscalité et cotisations : L'IFM est soumise aux cotisations sociales (CSG/CRDS notamment) et à l'impôt sur le revenu, comme une partie du salaire. Elle est donc ajoutée à votre rémunération brute pour le calcul de ces prélèvements.
L'Indemnité Compensatrice de Congés Payés (ICCP)
Définition et objectif : Elle compense l'absence de congés payés durant la mission.
Calcul : Son montant est égal à 10% de l'ensemble de la rémunération brute totale, incluant le salaire brut de base, les primes et l'IFM.
Fiscalité et cotisations : Comme l'IFM, l'ICCP est soumise aux cotisations sociales (CSG/CRDS) et à l'impôt sur le revenu. Elle est ajoutée à votre rémunération brute pour le calcul des prélèvements.
💡 Ces deux indemnités, IFM et ICCP, sont versées avec le dernier salaire de la mission. Elles augmentent significativement le salaire net total perçu, faisant du net en intérim un montant supérieur au simple brut - cotisations.
Calcul concret du salaire net en intérim : un exemple simplifié et expliqué
Pour mieux comprendre l'impact de ces spécificités sur votre rémunération finale, prenons un exemple concret. Les pourcentages de cotisations salariales sont indicatifs (environ 22%) et utilisés à des fins pédagogiques.
Exemple pour une mission d'un mois :
- Salaire brut de base : 2 000 €
(inclut taux horaire x heures travaillées + éventuelles primes soumises à cotisation)
Étape 1 : Indemnités
- IFM (10%) : 2 000 € x 10% = 200 €
- ICCP (10%) : (2 000 € + 200 €) x 10% = 220 €
Total brut intérimaire = 2 000 € + 200 € + 220 € = 2 420 €
Étape 2 : Cotisations salariales
Étape 3 : Salaire net avant prélèvement à la source
- 2 420 € - 532 € = 1 888 €
Étape 4 : Prélèvement à la source (5%)
Étape 5 : Salaire net final perçu
📌 Résumé
- Salaire brut initial : 2 000 €
- Net final après indemnités et impôts : ≈ 1 794 €
Cet exemple montre comment l’IFM et l’ICCP ajoutées au salaire brut augmentent sensiblement votre rémunération nette, bien au-delà d’un simple calcul brut - cotisations.