Certaines professions exposent les salariés à des températures basses pendant leur activité quotidienne. Pour compenser ces conditions de travail pénibles, certaines entreprises versent ce qu’on appelle une prime de froid. Mais à quoi correspond exactement cette prime ? Est-elle obligatoire, et qui peut y prétendre ? Dans cet article, on fait le point sur cette indemnité spécifique encore méconnue, mais essentielle pour de nombreux travailleurs.
Ce type de prime peut sembler anecdotique, mais elle constitue une reconnaissance des contraintes physiques imposées par certains postes. Elle est souvent encadrée par les conventions collectives ou les accords d’entreprise.
Qu’est-ce que la prime de froid ?
La prime de froid est une indemnité versée par certaines entreprises aux salariés qui travaillent dans des environnements froids, comme des chambres frigorifiques, des entrepôts logistiques ou à l’extérieur en hiver. Elle vise à compenser l’inconfort et les risques liés à une exposition prolongée au froid, qui peut impacter la santé, la productivité et les conditions de travail des employés concernés.
Il ne s’agit pas d’une prime prévue de manière uniforme par le Code du travail. En réalité, la prime de froid dépend des conventions collectives, des accords d’entreprise ou, dans certains cas, de l’usage. Son montant, ses modalités et ses critères d’attribution varient donc d’un secteur d’activité à l’autre.
Qui peut toucher la prime de froid ?
La prime de froid s’adresse aux salariés exposés de manière régulière à des températures basses dans le cadre de leur travail. Elle concerne en priorité certains métiers du secteur logistique, agroalimentaire, transport frigorifique, industrie ou encore les professions qui s'exercent en extérieur durant l’hiver (notamment dans le BTP, la voirie ou les travaux publics).
Sont généralement éligibles :
les conducteurs de véhicules réfrigérés,
certains ouvriers ou techniciens amenés à travailler en extérieur par temps froid.
Pour bénéficier de cette prime, il faut remplir les conditions prévues par la convention collective applicable ou un accord d’entreprise. La plupart du temps, cela implique une exposition prolongée à des températures inférieures à 5 °C, sur une durée minimale quotidienne (ex. : plus d’une heure d’affilée ou un certain pourcentage du temps de travail).
Prime de froid et droit du travail : ce que dit la loi
Le Code du travail ne prévoit pas explicitement de “prime de froid” obligatoire, mais il impose à l’employeur de garantir la santé et la sécurité des salariés. Cela inclut la prévention des risques liés à l’exposition au froid. Ainsi, si un salarié est amené à travailler de manière prolongée dans un environnement froid (températures basses, courants d’air, humidité…), l’entreprise doit prendre les mesures nécessaires pour limiter l’impact de ces conditions sur sa santé.
Ces mesures peuvent inclure la mise à disposition de vêtements chauds, des pauses régulières dans des zones tempérées, ou encore une indemnisation financière via une prime spécifique, prévue par la convention collective, un accord d’entreprise ou un usage établi.
En l’absence d’accord collectif, l’employeur n’est pas tenu de verser une prime, mais il doit tout de même respecter ses obligations générales de sécurité. Un manquement peut être signalé à l’inspection du travail, surtout si les conditions de travail exposent les salariés à des températures dangereuses sans compensation ni protection adaptée.
Quel est le montant de la prime de froid ?
Le montant de la prime de froid n’est pas fixe : il varie selon le secteur d’activité, la durée d’exposition au froid, la température du lieu de travail et les dispositions prévues par la convention collective applicable. Il n’existe pas de grille unique au niveau national, mais plusieurs accords fixent des barèmes bien définis.
Par exemple, dans les exploitations frigorifiques, la prime s’élève à 36,27 € par mois pour une exposition habituelle à des températures comprises entre –5 °C et +2 °C. Si la température descend en dessous de –5 °C, la prime monte à 90 € mensuels. Pour les expositions occasionnelles (moins de 8 jours par mois), une indemnité de 3,59 € par jour travaillé peut être versée si l’exposition est prolongée.
⚠️ Ces montants sont donnés à titre indicatif : ils varient selon les conventions collectives ou accords d’entreprise, et ne s’appliquent pas de manière universelle.
Dans l’industrie de la salaison et des produits carnés, la prime prend la forme d’un pourcentage du salaire minimum conventionnel :
- 15 % en cas de travail à température inférieure à –5 °C,
- 8 % entre –5 °C et +3 °C,
- 4 % entre +3 °C et +10 °C.
La prime de froid est-elle imposable ?
Oui, la prime de froid est imposable. Comme la plupart des primes versées par l’employeur, elle est considérée comme un complément de salaire. Elle entre donc dans le calcul de l’impôt sur le revenu et est soumise aux cotisations sociales (URSSAF, retraite, CSG-CRDS…).
Cela signifie qu’elle figure sur votre bulletin de paie, au même titre que votre salaire de base, vos primes de panier ou vos heures supplémentaires. Le montant perçu est donc en brut, et la somme réellement versée après prélèvements peut être légèrement inférieure à ce qui est indiqué dans les grilles conventionnelles.
Même si elle constitue une forme de compensation pour des conditions de travail pénibles, la prime de froid n’est pas une indemnité exonérée, comme peuvent l’être certains remboursements de frais professionnels.
Comment réclamer la prime de froid ?
Si vous travaillez dans des conditions de froid et que vous pensez pouvoir bénéficier d’une prime, la première étape consiste à vérifier votre convention collective. La plupart des secteurs concernés (logistique, industrie alimentaire, frigorifique…) précisent les conditions d’attribution de la prime de froid dans leurs textes.
Si vous constatez que votre activité remplit les critères (température, durée d’exposition, fréquence), vous pouvez adresser une demande écrite à votre employeur ou au service RH, en joignant si possible les références de la convention. Il est également utile de consulter les accords d’entreprise ou les usages internes, qui peuvent prévoir des dispositions spécifiques.
En cas de refus ou d’absence de réponse, et si vous estimez que votre exposition au froid justifie une compensation, vous pouvez contacter les représentants du personnel, les délégués syndicaux, ou, en dernier recours, saisir l’inspection du travail.