Le travail en hauteur fait partie des situations les plus à risque au travail, parce qu’une chute peut survenir en quelques secondes, y compris lors d’une intervention courte ou “routinière”. Toitures, plateformes, échafaudages, nacelles, échelles … Les chutes de hauteur représentent la deuxième cause d'accidents mortels liés au travail après le risque routier : la prévention doit donc être pensée en amont, avec des moyens adaptés et une organisation claire.
Dans ce guide, on fait le point de manière simple et opérationnelle sur les règles à connaître, les bons réflexes pour sécuriser une intervention, les équipements adaptés selon les situations, et les sanctions possibles en cas de manquement. L’objectif est double : protéger concrètement les équipes sur le terrain et aider l’employeur à rester conforme, pour éviter qu’un incident ne se transforme en accident… puis en contentieux.
Qu’est-ce que le travail en hauteur ?
Le travail en hauteur regroupe les situations où l’on intervient au-dessus d’un vide ou à proximité d’une zone où une chute est possible. Cela concerne autant l’exécution de la tâche que les phases d’accès et de déplacement.
L’objectif est d’éviter les chutes de hauteur en sécurisant d’abord le poste (solution stable et protégée), puis en complétant si nécessaire avec des protections individuelles adaptées.
Quand peut-on parler de travail en hauteur ?
On parle de travail en hauteur dès qu’un salarié est exposé à une différence de niveau susceptible d’entraîner une chute. Il ne s’agit pas d’un seuil unique “à partir de X mètres” : une ouverture dans un plancher, un bord non protégé, un support instable ou un environnement contraint peuvent suffire.
En pratique, on raisonne à partir des conditions réelles et du niveau d’exposition, pas uniquement de la hauteur.
Quand faut-il une habilitation travail en hauteur ?
Le terme “habilitation” est souvent utilisé, mais, dans la pratique, l’enjeu principal est la formation et l’aptitude à travailler en sécurité avec les moyens choisis. Dès qu’un poste comporte un risque de chute, l’employeur doit s’assurer que la personne a reçu une formation adaptée : compréhension du risque, bonnes pratiques, choix et contrôle du matériel, et, si des EPI antichute sont utilisés, utilisation correcte et conditions d’ancrage. Certaines situations exigent aussi des compétences spécifiques (par exemple, échafaudage, nacelle/PEMP, utilisation d’un système d’arrêt des chutes) et une organisation qui prévoit la conduite à tenir en cas d’incident, notamment les modalités de secours.
Quels équipements nécessaires pour le travail en hauteur ?
L’identification des équipements nécessaires relève d’une étude des risques complète et spécifiques :
Le travail en hauteur recouvre des situations très différentes. L’identification des équipements nécessaires relève d’une étude des risques complète et spécifiques : on part de la tâche à réaliser et des conditions sur site (durée, accès, sol, météo, coactivité). L’objectif est de mettre en place la solution la plus sûre, en privilégiant d’abord les protections collectives, puis en complétant si nécessaire avec des EPI antichute.
Protections collectives à privilégier : garde-corps, plinthes, lisses intermédiaires, filets de sécurité, plateformes de travail, protections de rives.
Moyens de travail adaptés : échafaudage fixe ou roulant (travaux longs/répétitifs), PEMP/nacelle (accès rapide avec plancher sécurisé), plateformes et passerelles sécurisées.
Échelles et escabeaux : à réserver aux interventions très ponctuelles et courtes, uniquement si une solution plus sécurisée n’est pas possible et si les conditions limitent réellement le risque.
EPI antichute (quand le collectif est impossible/insuffisant) : harnais, longe avec absorbeur d’énergie, antichute mobile, connecteurs, points d’ancrage, lignes de vie.
Points de vigilance : vérification avant usage, compatibilité du “système complet” (ancrage + liaison + harnais), tirant d’air suffisant, et plan de secours prévu en cas de chute. arrêtez votre activité, corrigez votre position ou demandez de l’aide
5 réflexes pour éviter les chutes de hauteur
Avant de démarrer, vérifiez que l’accès est sécurisé et que le poste de travail est stable.
Privilégiez une protection collective en place, et n’improvisez pas sur échelle ou escabeau pour “gagner du temps”.
Si un harnais est nécessaire, contrôlez le système complet (ancrage, liaison, réglage, tirant d’air) et assurez-vous qu’un plan de secours est prévu.
Balisage et coactivité doivent être anticipés, surtout autour des bords et des ouvertures.
En cas de doute, arrêtez votre activité, corrigez votre position ou demandez de l’aide
Est-il autorisé de travailler en hauteur sur un escabeau ou une échelle ?
En principe, échelle et escabeau sont des moyens d’accès et ne doivent pas devenir la solution “standard” pour travailler en hauteur. Leur utilisation comme poste de travail n’est acceptable que dans des cas encadrés, typiquement lorsque la mise en place d’un équipement plus sécurisé n’est pas possible, et pour une intervention courte, non répétitive, avec un risque faible et des conditions maîtrisées (stabilité, appuis, environnement, absence de contraintes de manutention). Autrement dit : ce n’est pas “interdit dans tous les cas”, mais ce doit être l’exception, pas la règle.
La formation travail en hauteur est-elle obligatoire ?
Il n’existe pas de “formation unique et officielle” concernant le travail en hauteur. Cependant, l’employeur a l’obligation de dispenser aux travailleurs une formation pratique et appropriée à la sécurité, adaptée aux risques du poste. Concrètement, dès qu’une activité expose à un risque de chute, il faut former les personnes sur les bons gestes, les règles d’utilisation du matériel (échafaudage, nacelle, plateforme) et, le cas échéant, sur l’usage des protections antichute (choix des points d’ancrage, réglage du harnais, limites d’utilisation, vérifications). Certaines situations exigent en plus une formation ciblée ou une habilitation interne liée au matériel utilisé (par exemple, montage d’échafaudage ou conduite d’une nacelle).
Erreurs fréquentes qui provoquent des chutes de hauteur
Les chutes de hauteur surviennent rarement “par hasard”. Dans la majorité des cas, on retrouve les mêmes erreurs de préparation ou d’utilisation du matériel, souvent parce que l’intervention paraît simple ou rapide. Identifier ces situations permet d’améliorer la prévention sans alourdir les travaux.
Absence de formation complète aux gestes de sécurité
Improviser l’accès en hauteur : monter “comme on peut” au lieu de prévoir un accès stable et sécurisé, surtout quand la place est limitée ou que le sol n’est pas plan.
Rester sur une échelle ou un escabeau comme poste de travail : c’est l’erreur la plus courante, notamment pour “gagner du temps”, alors que la stabilité diminue vite dès qu’on se penche ou qu’on travaille à bout de bras.
Travailler près d’une ouverture ou d’un bord non protégé : une trémie, un vide, une zone de rive ou une plateforme sans garde-corps créent un risque immédiat, même à faible hauteur.
Sous-estimer l’environnement : sol glissant, météo, éclairage insuffisant, circulation d’engins, coactivité… ces facteurs augmentent le risque de déséquilibre et rendent la chute plus probable.
Utiliser des EPI antichute sans système complet : harnais sans point d’ancrage adapté, longe inadaptée, absence de vérification, ou tirant d’air insuffisant. Un EPI mal “configuré” peut donner une fausse impression de sécurité.
Modifier ou retirer une protection collective : déplacer un garde-corps “juste quelques minutes” ou laisser une zone ouverte sans balisage est une cause classique de chutes de hauteur.
Oublier l’organisation du secours : en cas de chute avec harnais, l’urgence n’est pas seulement de “retenir” la personne, mais de pouvoir intervenir rapidement. Sans plan de secours, le risque augmente après l’arrêt de chute.
Quelles responsabilités pour l’employeur ?
En travail en hauteur, la responsabilité principale revient à l’employeur. Il doit évaluer le risque de chute, choisir des protections adaptées (en privilégiant le collectif) et organiser le travail pour que la sécurité soit effective sur le terrain.
Le salarié a aussi une responsabilité. Il doit respecter les consignes, utiliser correctement les protections et signaler immédiatement tout matériel défectueux ou toute situation dangereuse.
Sur un chantier, l’encadrement et la coordination font la différence. Chef d’équipe, chef de chantier et entreprises intervenantes doivent s’assurer que les accès, le balisage et les protections restent en place, y compris quand les conditions changent ou qu’il y a de la coactivité.
Employeur : évaluation des risques, choix des équipements, mise en place des protections, formation, contrôles et organisation du secours.
Salarié : respect des consignes, bon usage du matériel, alerte en cas de danger.
Encadrement et coordination : contrôle sur le terrain, adaptation de l’organisation, gestion de la coactivité.